lundi 19 septembre 2016

AU THEATRE CE SOIR 

On vient aussi à Paris, la ville lumière pour "aller au spectacle".

Entrer dans un théâtre, c'est passer une porte spatio-temporelle. On quitte son quotidien, la grisaille de la ville, la monotonie de la vie pour voir et écouter une histoire. Et comme lorsqu'on était petit, si l'histoire est bien racontée, on se laisse emmener avec la certitude de franchir de nouvelles frontières.

Vaudevillesque, dramatique, instructif, le spectacle nous fait oublier qui nous sommes... A moins que toute notre vie ne soit qu'un spectacle parfois mal joué et combinant tous les genres de la comédie légère au drame.


"Le monde entier est un théâtre, et tous, hommes et femmes, n'en sont que les acteurs. 
Et notre vie durant nous jouons plusieurs rôles."
W. Shakespeare 


Le lieu même avec ses codes immuables semble avoir été conçu pour nous protéger : fauteuils confortables, murs tapissés de velours rouge depuis Charles Garnier... Bien au chaud (parfois trop au chaud !), nous nous laissons emporter vers un autre monde.


Grand Escalier de l'Opéra Garnier




Vous pouvez en apprendre plus sur ce monde onirique en vous promenant en ma compagnie, de la Comédie Française aux grands boulevards. Et même s'il n'est pas possible d'entrer dans ces lieux "habités", les nombreuses petites histoires de ce monde si particulier vous permettront de vous offrir une mise en bouche avant, -qui sait ?- que vous ne deveniez "spectateur".





Mais savez-vous que de nombreuses expressions de notre langue dérivent du théâtre ? Un simple exemple : le jeu en vaut-il la chandelle ?
Jusqu'au XVIIIè siècle, les théâtres et opéras étaient éclairés à la bougie. La durée de la pièce devait correspondre à celle de la bougie. Il fallait une quantité considérable de chandelles chaque soir. Une somme colossale à l'époque ! Il était alors important d'évaluer les bénéfices pouvant être rapportés par la représentation afin de choisir si l'enjeu en valait la peine.

Les comédiens sont de grands superstitieux : ainsi, ne dit-on pas que le fait d'offrir un bouquet d'oeillets porte malheur au théâtre ?
Cette croyance remonte au XIXè siècle, du temps où les actrices signaient des contrats ponctuels. Lorsqu'un directeur d'établissement voulait signifier à une actrice qu'elle était renouvelée, il lui livrait des roses. Mais si elle était remerciée, elle recevait un bouquet d'oeillets, les fleurs les moins onéreuses de l'époque.

Pour en savoir plus, et décrypter d'autres expressions, n'hésitez pas à me rejoindre au cours d'une de ces promenades ou venez voir un grand classique auquel j'ai la chance de participer : la Dame de chez Maxim de G. Feydeau* !

*à l'ABC Théâtre - 14, rue de Thionville - Paris 19è - A l'affiche jusque fin décembre  Réservation sur place ou sur Billetreduc.
http://abc-theatre.e-monsite.com/
http://www.billetreduc.com/168119/evt.htm



dimanche 13 mars 2016

RETOUR AUX SOURCES !

J'habite depuis plus de 20 ans le bas de la butte Montmartre...

Qu'on soit parisien, provincial ou étranger, la réaction à l'écoute de cette phrase est toujours la même : aaaahhh Montmartre !!!

Voilà un nom évocateur ... Montmartre, c'est l'image du Paris perdu (pour ne pas dire du Paradis perdu !) ; un Paris-village où tout le monde se connaît ; où le rythme de vie est différent des arrondissements du coeur de la capitale ; un quartier, qui même s'il fait officiellement partie de Paris depuis 1860, semble encore de la bouche même de ses habitants, indépendant. On vous le précise : on habite Montmartre mais pour des raisons indépendantes de sa volonté, on descend à Paris...

Alors, voici en cinq mots-clés une évocation de ce quartier qui fait encore tant rêver...



BISTROT
Selon la légende, ce mot a été créé sur la Butte.
En 1814, les cosaques envahissent Paris ; gagnent le sommet de la Butte (le point naturel le plus haut de Paris avec ses 130 m d'altitude !) pour surveiller les mouvements de troupes dans la capitale. Avisant le restaurant de la Mère Catherine, ils entrent et crient : "Bistro" (mot signifiant "vite" en russe). Le terme est désormais appliqué à tous les endroits où l'on peut se restaurer rapidement.
Mythe ou réalité ? Qui pourrait le certifier ? Une plaque rappelant cette "création" a été en tous cas fièrement apposée sur la devanture du restaurant la Mère Catherine situé place du Tertre.

PICOLER
Ce terme, si couramment employé, est né lui aussi à Montmartre.
Dès le Xè siècle, est attestée la présence d'une vigne sur les côteaux nord de Paris. La création de l'abbaye bénédictine des Dames de Montmartre par Louis VI le Gros et Adélaïde de Savoie va multiplier les arpents d'un vignoble à la qualité très hétérogène ! Le nom des vins produits est suffisamment évocateur : vin de Sacalie (comprendre sac à lie, produit à l'emplacement des escaliers de la basilique du Sacré-Coeur) ou au contraire appellation de la Goutte d'Or (produit dans l'actuel quartier éponyme)... 
Ces différentes appellations furent regroupées sous le nom de "Picolo" qui a donc donné le verbe picoler.
De manière générale, le vin de Montmartre n'a jamais eu bonne presse. Il suffit de citer ce fameux dicton pour s'en convaincre : 

"C'est du vin de Montmartre. Qui en boit pinte en pisse quarte". Il faut savoir qu'une pinte équivaut à 93 centilitres et une quarte à 67 litres !!!


Changeons de thématique et trouvons vite un mot évoquant un autre registre avant que vous ne pensiez que je suis la plus grande picoleuse de Montmartre !!!

POULBOT
Natif de Saint-Denis, Francisque Poulbot était un dessinateur-affichiste installé à Montmartre peu avant le début de la première guerre mondiale. Très attaché à la vie de son quartier, il participe à la création de la République de Montmartre en 1920 - 1921 et crée en 1923 un dispensaire pour les enfants. Montmartre est, à cette époque, un quartier pauvre. Les enfants sont souvent livrés à eux-mêmes. Poulbot se fait complice de leur quotidien en les dessinant avec beaucoup de tendresse.
Son nom est désormais attribué aux enfants de la Butte (à Paris, on parle des titis ; à Montmartre, des Poulbots). 
Les cartes postales, posters et affiches représentant des enfants aux grands yeux bleus écarquillés, que vous trouverez aujourd'hui dans les boutiques de souvenirs, ne sont cependant pas de Poulbot mais de Michel Thomas, dessinateur qui dans les années 70 a repris le thème des enfants de Paris toujours prêts à faire les 400 coups...

LA BOHEME
Impossible d'évoquer Montmartre sans parler de ses artistes. Ils choisissent ce quartier aux alentours des années 1860, parce que "le vin y est moins cher et les filles plus faciles". Le Bateau-Lavoir situé place Emile Goudeau les accueillera à partir de 1890. Leur souvenir attire encore aujourd'hui la foule des visiteurs qui cherche à retrouver place du Tertre ou aux environs l'atmosphère "bohème" si bien décrite par Charles Aznavour :

Montmartre en ce temps-là 
Accrochait ses lilas 
Jusque sous nos fenêtres 
Et si l'humble garni
Qui nous servait de nid
Ne payait pas de mine
C’est là qu'on s'est connu
Moi qui criais famine
Et toi qui posais nue
La bohème, la bohème
Ça voulait dire
On est heureux
La bohème, la bohème
Nous ne mangions qu'un jour sur deux.

MOULINS
Et comment ne pas terminer cet exercice en parlant des moulins à vent de la Butte ? Ils étaient une quinzaine jusqu'à la Révolution Française. Il en reste deux, très restaurés, rue Lepic. L'un abrite aujourd'hui un restaurant ; l'autre est une propriété privée. Mais leur silhouette haute et légèrement dégingandée nous ramène inéluctablement vers ce passé champêtre qui a fait les douces heures de la Butte.
Ces moulins étaient utilisés pour moudre des céréales ou des matériaux. L'industrialisation du début du XIXè siècle a provoqué l'abandon des moulins et leur transformation en guinguette : lieu où les parisiens de toutes origines venaient danser et ... boire le guinguet (le petit vin sans prétention des alentours de Paris).

Décidément, à Montmartre, on est souvent le verre à la main !! Tout cela me donne envie de joindre le geste à la parole ... Je vous laisse donc pour aller boire un verre à votre santé !