lundi 2 avril 2018



FOUJITA AU MUSEE MAILLOL

Tsuguharu Fujita (ou Foujita) a fasciné tous les artistes que l’on englobe aujourd’hui sous le nom d’Ecole de Paris.
Et, accessoirement, m’a fasciné quand je l’ai « rencontré » au Musée Maillol à l’occasion de l’exposition qui lui est consacré.


Lorsqu’il arrive en 1913 à Paris, à l’âge de 27 ans, le jeune Tsuguharu réalise enfin son rêve : rejoindre Paris, la capitale des arts ! C’est tout naturellement à Montparnasse qu’il choisit de s’installer. Le lendemain de son arrivée, il est abordé dans la rue par le peintre chilien Manuel Ortiz de Zarate qui l’entraîne dans l’atelier de Picasso ; l’œil de Foujita est attiré non pas par les compositions de l’espagnol mais par la figuration naïve du Douanier Rousseau (Picasso, grand ami du Douanier, conserve plusieurs de ses toiles dans son atelier).
Alors que l’Occident artistique cherche à casser les codes, Fujita n’est arrivé en France que pour se mettre dans les pas des maîtres classiques qu’il ne connait que par l’étude. Il prend une carte de copiste au Louvre et passe de longues heures à regarder, scruter, s’approprier cette peinture classique désormais rejetée par tous.

Mais Foujita n’est pas un « pasticheur ». Il réussit une synthèse parfaite entre Orient et Occident : certes le dessin, si cher aux artistes académiques prévaut dans sa peinture ; et la figuration est de mise. Mais son japonisme ressort lorsqu’on étudie ses perspectives, son utilisation de la couleur (en aplat), ou certains détails s’attachant à nous montrer de manière symbolique le yin et le yang.

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Dans la peinture occidentale, le nu est un sujet classique. Foujita semble le réinventer tant sa technique est novatrice. Sur la toile préparée et couverte d’une couche de peinture à l’huile, Foujita utilise des couleurs à l’eau. Comment fait-il pour que ces deux médiums accrochent et se mêlent aussi intimement. Nous ne le savons pas. La technique de Foujita est secrète. Nous savons juste qu’il mêle aux pigments habituels, des matières minérales telles que le talc. Tout cela crée une peinture d’une grande sensualité où la femme (ses femmes) est magnifiée. Où la carnation d’une blancheur de neige (youki en japonais, surnom qu’il donne à sa deuxième épouse) est si soigneusement représentée qu’elle semble à la fois irréelle et palpitante de vie.


Au musée Maillol, la salle consacrée aux nus est d’une beauté époustouflante. On est subjugué par la présence de ses femmes qui s’offrent aux regards et qui irradient.

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Mais Foujita, c’est aussi un look ! Un look travaillé et qu’on n’oublie pas. Tsuguharu sait y faire en matière de communication ! La frange est peut-être reprise des paysans russes bolchéviques ; les lunettes rondes ; les vêtements (dont certains étaient tissés et cousus par lui) font qu’il devient rapidement une image iconique, dessinée et caricaturée.

Au musée Maillol, Foujita, peintre emblématique du Montparnasse des années folles, personnage terriblement attachant nous ouvre  les portes de son monde intérieur : un monde où la création est multiple mais toujours cohérente avec le personnage qui la porte. C’est pour cela que vous serez forcément touché par cette exposition. Une des meilleures de la saison…

Exposition Foujita au Musée Maillol du 7 mars au 15 juillet 2018  61 rue de Grenelle Paris 7è -  www.museemaillol.com/  
Pour en savoir plus : www.fondation-foujita.org/