mercredi 18 février 2015

CHRISTIAN LACROIX ET L'EMPREINTE DU XVIIIè SIECLE AU MUSEE COGNACQ-JAY


Avertissement le Musée est fermé pour travaux



EXPOSITION : 
"LUMIERES - Carte Blanche à Christian Lacroix" 
au musée Cognacq-Jay*





Ma vieille âme oscille toujours entre les siècles. 
Aujourd'hui, j'ai décidé pour la satisfaire de faire une pause au musée Cognacq-Jay, lieu idéal pour arrêter au XVIIIè siècle, la machine à remonter le temps.

La finesse, le raffinement, la gaieté, les couleurs et la lumière des derniers lustres d'Ancien Régime sont présents dans chaque oeuvre. 
Lumières : c'est justement ainsi que Christian Lacroix a baptisé l'exposition qu'il a été chargé d'organiser par la Ville de Paris.  

Le couturier arlésien n'a pas été choisi au hasard : après son baccalauréat, il obtient une licence en histoire de l'art puis s'inscrit à l'Ecole du Louvre pour devenir conservateur de musée. 
Décidant finalement de se consacrer à la haute couture, il réalisera plusieurs collections où "l'historicisme" est souvent présent et où le XVIIIè siècle est régulièrement cité. 

Il renoue donc cet hiver avec sa formation initiale, et nous propose un choix subtil d'oeuvres contemporaines (photographies, sculptures, costumes...) qui dialoguent savamment avec la collection permanente du musée Cognacq-Jay. 

Autour de dix thèmes, Lacroix cherche à nous montrer que le XVIIIè a laissé une empreinte forte dans les arts de la fin du XXè et du début du XXIè siècle. 
Pour s'en convaincre, il suffira d'observer les photographies de Pierre Gonnord ou de Véronique Ellena où l'étude de la lumière, le cadrage, l'intérêt pour le sujet sont traités avec autant de soin que par le passé.



A gauche : petit garçon au gilet rouge peint par J.B. Greuze vers 1775 - 1780 -
       copyright : musée Cognacq-Jay / Roger-Viollet
A droite : Charlotte photographiée par Pierre Gonnord - copyright : Pierre Gonnord


Paris, notre chère capitale est l'une des grandes puissances européennes : elle attire artistes et artisans qui participent à la décoration des nombreux hôtels particuliers qui fleurissent dans les nouveaux quartiers (faubourg Saint-Honoré et Saint-Germain).

"Paris, c'est le monde ; le reste de la terre n'en est que les faubourgs." Marivaux - 1734

Ebénistes, peintres, miniaturistes viennent de toute l'Europe et inspirent encore aujourd'hui de grands noms du design (Ferruccio Laviani - buffet Evolution). 

Le théâtre est également évoqué : il se démocratise au siècle des Lumières ; on construit de grandes salles ; les premières "stars des planches" voient le jour : Adrienne Lecouvreur, sociétaire de la Comédie Française est une de nos premières "personnalités people" ! 

Maîtresse de Voltaire et criant sur scène son amour pour le philosophe, elle mourra -dit-on- à cause d'un bouquet de fleurs empoisonné offert par sa rivale, la duchesse de Bouillon. 
Cette fin tragique sera à la base de la création d'une pièce de théâtre puis d'un opéra joué notamment en 2012 à Francfort et dont Christian Lacroix créera les costumes.

Il y a donc de la théâtralité dans ce siècle-là !

Et la muséographie nous en rend compte. Grâce aux voilages, tapis et moquettes dessinés par Christian Lacroix et inspirés -bien sur- des motifs récurrents du XVIIIè siècle, nous voguons dans un autre univers : coloré et baroque.  

On pensera que j'ai l'enthousiasme facile ces derniers temps.
Mais sachez qu'en franchissant le portail de l'hôtel Donon (qui abrite depuis 1990 le musée Cognacq-Jay), vous laisserez derrière vous la grisaille et la froidure parisienne pour rejoindre la légèreté et la sensualité d'un siècle qui ne cesse de se rappeler à nous... 


*Musée Cognacq-Jay - 8, rue Elzévir - 75003 Paris
Ouvert tous les jours sauf le lundi de 10 h à 18 h - Plein tarif : 8 €
L'exposition "Lumières : Carte blanche à Christian Lacroix" se poursuit jusqu'au 19 avril 2015.

www.museecognacqjay.paris.fr
www.christian-lacroix.com
www.palaisgalliera.paris.fr


lundi 16 février 2015

Il vous reste quelques jours pour en savoir un peu plus sur : EUGENE VIOLLET-LE-DUC*


J'ai entendu ce nom si particulier pour la première fois, à l'occasion d'une sortie scolaire au château de Pierrefonds. VIOLLET-LE-DUC : une couleur et un titre de noblesse ... Quoi de mieux pour faire rêver l'enfant romantique que j'étais !

Plus tard, j'entendis parler des restaurations menées par ce personnage si complexe et des polémiques qu'elles entraînèrent. Je ne compris pas immédiatement la rage qui s'emparait de certains à l'énoncé de ce nom.

Eugène Viollet-le-Duc est un homme comme je les aime ! Entier et passionné.
Passionné, comme chacun sait, par le Moyen Age : au début du XIXè siècle, se répand dans toute l'Europe une nouvelle mode ; le Moyen Age est de retour et plus particulièrement les derniers siècles de cette longue période. C'est le "gothic revival". En France, Victor Hugo publie Notre Dame de Paris en 1831. L'Allemagne, l'Angleterre et la France se réclament de ce style. Toutes le proclament "style national".
Eugène Viollet-le-Duc "surfe" sur cette mode, se passionne pour les constructions réalisées entre le XIIè et le XVè siècle. Il dessine à la perfection les monuments découverts au cours de ces voyages effectués après l'obtention de son baccalauréat. Il sillonne la France avec son oncle Delécluze (ancien élève de David) puis l'Italie. Ce sera là sa formation.

"Voir, c'est savoir. Dessiner, c'est bien voir".
Son père tenait salon tous les vendredis et accueillait artistes, écrivains et intellectuels : Sainte-Beuve, Stendhal, Prosper Mérimée. C'est grâce à ce dernier qu'il obtiendra ses premiers postes d'architecte attaché à la commission des Monuments historiques puis d'architecte des édifices diocésains.

Les monuments qu'il restaure tombent en ruine : le temps, le manque d'entretien, la Révolution Française ont  laissé la cathédrale Notre-Dame de Paris, la Sainte-Chapelle, ou les murs de Carcassonne dans un bien mauvais état.


Que fallait-il faire ? Se contenter de stabiliser les détériorations du temps ? Conserver les traces du passage des ans ? Ou reconstituer le monument tel qu'il aurait du être à sa création ? C'est cette dernière solution que Viollet-le-Duc choisit :



"restaurer un édifice, c'est le rétablir dans un état complet qui peut n'avoir jamais existé"
On comprendra à la lecture de cette assertion les vives critiques encore émises aujourd'hui face au travail de celui qui avait une "vision" de l'architecture. 
Bourreau de travail, aimant TOUT contrôler sur un chantier : à Notre-Dame de Paris, il imagine les peintures des chapelles, les pièces d'orfèvrerie qui vont composer le nouveau trésor et est en cela un précurseur des artistes de la période "art nouveau".

Viollet-le-Duc a reçu une culture encyclopédique et s'est passionné pour tout : on le dit un peu musicien, un peu médecin, un peu géologue : à ce propos, l'un de ces projets les plus ambitieux était de restaurer le Mont-Blanc !!! Ni plus, ni moins.
Pour lui, la montagne ou les cathédrales sont à traiter de la même manière : "le processus de cristallisation" est un terme qu'il emploie en architecture ou en géologie.

J'aime penser que s'il avait vécu à notre époque, Viollet-le-Duc se serait entouré d'informaticiens pour créer des logiciels reconstituant le Mont-Blanc des origines. Lui, s'est contenté de dessins extraordinaires de virtuosité.

Trente ans après avoir visité Pierrefonds, la rêverie entamée à l'énoncé de son nom a fait place à une sincère admiration. En tant que guide, c'est à dire en tant que "pédagogue", je ne peux qu'approuver ces travaux qui ont permis de "relever" et de mieux comprendre les techniques de construction du Moyen Age.

I love Viollet !!!



* Exposition "Viollet-le-Duc - Les visions d'un architecte" 
présentée à la Cité de l'Architecture et du Patrimoine du 20 novembre 2014 au 9 mars 2015
1 place du Trocadero et du 11 novembre - 75 016 PARIS
Lundi, mercredi, vendredi, samedi et dimanche de 11h à 19h 
Nocturne le jeudi de 11h à 21h- Fermeture des caisses à 18h15 (jeudi à 20h15) 

Entrée plein tarif : 12 €


www.citechaillot.fr
http://www.notredamedeparis.fr/spip.php?article29
www.pierrefonds.monuments-nationaux.fr